Tandis que nous fonçons vers Paris à 268 km/heure, je décide d’aller boire un café au bar, voiture quatorze. Je dépose sur mon siège Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick, que j’ai commencé la semaine passée. C’est palpitant, mais j’arrive quand même à lâcher cette uchronie pendant vingt minutes.
Comme le café servi dans le TGV n’a qu’un lointain rapport avec ce qu’est un espresso à Rome, je regagne ma place au bout de cinq minutes. Le Maître du Haut Château a disparu. Je vérifie qu’il s’agit du bon siège, du bon
wagon (en pure perte : je sais bien qu’il s’agit du bon wagon et du bon siège). Le bouquin n’a pas atterri sur la moquette non plus.
Emerveillé, je me laisse tomber sur le siège. On m’a piqué un bouquin !
Qu’on me comprenne bien : l’objet dérobé est sans réelle importance. A Paris, je pourrais le racheter dans n’importe quelle librairie pour quelques euros. L’essentiel est ailleurs. Total respect Monsieur Philip K. Dick. Vingt-cinq ans après votre mort, on vole encore vos romans. Un lecteur ou une lectrice n’a pas résisté à la tentation. Il ou elle m’a sans doute observé dès la seconde où j’ai ouvert le livre. L’envie de se plonger dans cette histoire était trop forte. Dès que l’occasion s’est présentée, hop ! main basse sur le trésor !
Ce texte d'Eugène a été publié le 24 février 2023 dans La Région.