Si vous aviez eu une rage de dent il y a 300 ans, vous auriez peut-être vu le dentiste brandir devant vous ce genre de pince destinée à vous soulager de vos souffrances. Il s’agit en effet de l’un des instruments présentés par Pierre Fauchard dans son livre de 1728, Le chirurgien dentiste, ou traité des dents.
En parcourant l’ouvrage de ce médecin souvent considéré comme le père de la chirurgie dentaire moderne, on constate que l’hygiène buccale du 18e siècle était bien différente de celle d’aujourd’hui : si Fauchard remarque que les aliments sucrés abiment les dents, tout comme la fumée du tabac les noircit, il déconseille toutefois de les brosser. Il préconise à la place de se rincer la bouche à l’eau tiède, idéalement additionnée d’un peu d’eau de vie, puis de frotter ses dents avec une petite éponge. Il faut dire que les brosses à dents de l’époque étaient faites de crin ou de drap et endommageaient l’émail des dents. Fauchard propose plusieurs recettes de remèdes pour nettoyer et blanchir ses dents. La lecture de leurs ingrédients nous évoque aujourd’hui des potions de sorcières avec l’utilisation d’yeux d’écrevisse, de corail rouge ou d’os de pieds de mouton calcinés. Malgré ces procédés d’un autre temps, tout n’est pas tombé en désuétude dans la méthode de Pierre Fauchard. Par exemple, l’usage de plombages, avec du véritable plomb bien entendu, est recommandé pour les dents cariées. Néanmoins, réjouissons-nous de vivre au 21e siècle : en effet, parmi tous les soins décrits, il n’est pas fait mention d’une anesthésie avant leur pratique...