Aujourd’hui, nous aurions pu vous parler de l’éminent scientifique hollandais du XVIIe siècle Christiaan Huygens. Ce personnage passionnant qui joua un rôle important dans l’avancée des mathématiques, de l’astronomie et de la physique avait tout pour rendre cette chronique savoureuse : la construction de la première horloge à pendule, la découverte de Titan, plus grande lune de Saturne, et le calcul de la force centrifuge ne sont que quelques-unes des nombreuses réalisations que comprend son curriculum vitae. Nous avions même repéré un livre particulièrement intrigant dans notre collection précieuse : le Cosmothéoros, imprimé en 1698, dans lequel Huygens envisage la vie sur d’autres planètes du système solaire que la nôtre. Un savant du XVIIe siècle qui parle d’extraterrestres ? Voilà de quoi piquer notre curiosité.
Et pourtant, à l’intérieur de ce volume qui sommeillait sur un rayon du fonds ancien, c’est une autre surprise qui nous attendait. D’elles-mêmes, les pages se sont ouvertes non pas sur la belle gravure de Saturne que nous cherchions, mais sur deux petites tiges de plantes pressées. Celles-ci portaient des étiquettes indiquant leur espèce, un « sedum pyramidale » et un « lychnis sylvestris », suivie de deux initiales, L. B, le tout rédigé dans une élégante écriture qui laissait supposer que leur présence dans le livre ne datait pas d’hier. Qui donc s’est servi d’un traité d’astronomie vieux de plus de 300 ans pour la réalisation de son herbier ? Un membre de la famille du docteur Bourgeois qui fit don du volume à la bibliothèque en 1773 ? Un lecteur peu scrupuleux qui emprunta le document dans les années qui suivirent son arrivée dans la collection ? Pour l’instant, le mystère reste entier. Mais la découverte de ces deux petites plantes fleuries là où on ne les attendait pas démontre que le riche fonds précieux de la bibliothèque a encore de belles surprises à nous dévoiler.