Dans la collection précieuse de la Bibliothèque d’Yverdon, on trouve un agenda. Etrange… Pour quelle raison cet objet du quotidien mérite-t-il une place parmi les ouvrages prestigieux conservés soigneusement depuis des siècles ? En l’examinant de plus près, on remarque rapidement qu’il ne s’agit pas d’un simple calendrier dans lequel on peut noter ses rendez-vous chez le dentiste, mais d’un système bien plus élaboré. L’Agenda général ou Mémorial portatif universel de Marc-Antoine Jullien est divisé en six parties permettant de consigner non seulement ses activités, mais aussi son état physique et moral, ses dépenses, ses lectures, sa correspondance, les noms des personnes rencontrées et toute autre information que son utilisateur pourrait juger nécessaire de mettre par écrit afin de décharger son esprit. Bref, une sorte de « bullet journal » avant l’heure.
Cette méthode, publiée en 1815 et qui n’a rien à envier aux conseils des spécialistes en développement personnel d’aujourd’hui, est décrite en détail dans une longue introduction. Sans complexe, l’auteur annonce que son outil servira à la fois à mettre à profit le passé, gouverner le présent et régler d’avance sa vie future. En résumé, il améliorera considérablement notre vie et tout cela en un maximum de 8 à 10 minutes par jour. Nous voilà rassurés sur la présence de ce document dans une collection précieuse. Mais une question subsiste : qui est son auteur Marc-Antoine Jullien et pourquoi a-t-il remis lui-même son livre à la bibliothèque, comme en atteste un ex dono sur la page de garde ? Dans sa jeunesse, Jullien est un révolutionnaire français proche de Robespierre. Par la suite, il se passionne pour la pédagogie et fait la connaissance de Pestalozzi à Yverdon. Un lien fort se tisse entre les deux hommes et Jullien envoie trois de ses enfants à Yverdon pour suivre l’éducation de Pestalozzi. Ravi de l’accueil qu’il reçut dans notre région, il fit parvenir à la bibliothèque plusieurs de ses ouvrages, dont son agenda.