Cette petite boule avec des pattes et à la mine renfrognée est une grenouille. A première vue, l’image de cette créature aux allures de Pokémon pourrait suggérer une certaine fantaisie de la part de l’artiste du 18e siècle qui réalisa la gravure. Or, après une rapide recherche en ligne, il s’avère qu’elle existe bel et bien sur le continent africain et qu’elle porte le nom scientifique de breviceps gibbosa. Elle fait partie des nombreuses espèces de grenouilles et crapauds répertoriées dans l’Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpens du naturaliste français Etienne de Lacépède dont les deux tomes ont été publiés en 1788 et 1789. Le livre de Lacépède présente les animaux sous le nom commun qui leur était donné à son époque. On remarque que les appellations des grenouilles et crapauds sont en général inspirées par leur forme (la breviceps gibbosa est nommée « la bossue ») leur cri (« la sonnante », « la mugissante ») ou leur couleur (« la rouge », « la couleur de lait »). En revanche, aucune explication logique n’est donnée pour « la Jackie », une grenouille du Surinam qui, au cours de sa vie, perd ses pattes et devient un poisson.
Précisons encore que la gravure de la petite grenouille bossue ainsi que plusieurs autres de l’Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares ont été réalisées par l’illustratrice Marie-Anne Rousselet. Ses œuvres, signées « Veuve Tardieu », illustrent plusieurs œuvres d’histoire naturelle de la fin du 18e et du début du 19e siècle.