Vous vous en doutez : les bibliothécaires n’apprécient pas du tout les annotations dans leurs livres. Eh bien, une fois n’est pas coutume, nous ne récriminerons pas contre les auteurs des inscriptions dans notre exemplaire de l’Histoire et annales d’Yverdon depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’année 1845 écrit par le pasteur Alexandre Crottet en 1859. Ces notes ont été rédigées par trois passionnés d’histoire yverdonnoise : l’architecte, ancien syndic et directeur de la bibliothèque John Landry, le directeur du collège d’Yverdon et historien Léon Michaud et Georges Kasser, pharmacien féru d’histoire. Jusque dans les années 1960, ils ont chacun apporté des précisions et des corrections au texte du Pasteur Crottet et ajouté une quantité d’informations, d’illustrations, de photographies et de coupures de presse. L’œuvre, qui était déjà une mine d’informations sur l’histoire d’Yverdon dans son état d’origine, se trouve considérablement enrichi par tous ces ajouts et se feuillette avec émerveillement.
C’est après s’être lancé dans l’étude des archives yverdonnoises pour retracer sa généalogie que Crottet se prit de passion pour l’histoire de la ville. Il produisit un épais livre présentant les différentes périodes de son développement et un compte-rendu chronologique d’informations extraites des registres, comptes et autres documents régionaux. Des traces des débuts de la bibliothèque figurent notamment dans l’ouvrage : on y lit qu’en février 1763, la Société économique d’Yverdon sollicite la ville pour soutenir la création d’une bibliothèque publique. Le grand conseil « ne trouve pas qu’un tel établissement puisse procurer de bien grands avantages à cette bourgeoisie », mais accepte tout de même d’accorder 400 francs pour son établissement, à condition qu’elle ne puisse être transportée hors de la ville ni dissoute sous aucun prétexte. Bien leur en a pris, puisque près de 260 ans plus tard, la bibliothèque publique accueille chaque jour de nombreux visiteurs.