On s’en doutait : il y a 350 ans, les remèdes étaient différents de ceux de maintenant. Le pharmacien bâlois Christophe Glaser le confirme dans son Traité de la chymie de 1663. Glaser définit la chimie comme le fait de purifier et extraire les principes actifs de diverses matières organiques ou minérales. Son traité décrit en détail les outils et les étapes nécessaires pour obtenir ces principes actifs et énumère les maladies qu’ils soigneront. De belles gravures représentant des récipients et des alambics illustrent son propos. Ici, on admire un élégant modèle à canal en forme de serpent au centre et un joli aludel à droite. Glaser fournit des recettes d’alchimie et des techniques de distillation de plantes encore utilisées de nos jours en phytothérapie mais il a également recours à des matériaux plus… inattendus. On trouve dans le manuel des méthodes de purification du plomb, du mercure ou de l’arsenic destinées à créer des remèdes à usage externe ou interne. On découvre aussi le procédé pour produire de l’opium qui apaise les esprits irrités et provoque le sommeil ou celui pour purifier la rosée du mois de mai et l’eau de pluie du mois de mars. Les derniers chapitres du livre abordent des ingrédients qui nous sembleront encore plus ahurissants : on y apprend la technique pour réaliser des extraits d’urine, de sang (prélevé chez des hommes jeunes et de bonne complexion) ou de crâne humain, dont les propriétés sont particulièrement efficaces contre l’épilepsie. Relevons encore que l’abandon de la distillation de la chair de vipère est très regrettable, puisqu’elle est signalée comme efficace pour guérir, entre autres affections, toutes les fièvres, la paralysie ou la peste. L’extrait de cloportes guérirait, quant lui, les cancers. Comme nous le disions plus haut, la pharmacologie a passablement évolué depuis le XVIIe siècle.