Lorsqu’on imagine une sirène, c’est souvent l’image d’une femme aux traits agréables avec une queue de poisson qui nous vient à l’esprit. Vous serez donc sans doute surpris en découvrant cette gravure dans L’histoire générale des voyages publiée entre 1746 et 1770. En effet, si cette sirène possède bien une queue de poisson et un torse humain, son visage ne rappelle en rien celui d’une femme. Il est possible qu’en réalité cela soit la représentation d’un « Jenny Haniver ». Ce drôle de nom désigne les petits monstres que sculptaient les marins dès le 17e siècle à partir de corps de raies. Ceux-ci étaient ensuite séchés puis vernis avant d’être vendus à des acheteurs crédules qui pensaient acquérir pour leur cabinet de curiosités des momies de dragons, de sirènes ou de basilics.
L’histoire générale des voyages est une compilation en 20 tomes de récits rapportés par divers voyageurs de leurs périples à travers le monde. C’est à Jean Barbot, qui navigua notamment le long des côtes africaines, que l’on doit l’image de cette sirène, tout comme celles des étonnantes créatures que se trouvent à sa droite. Malheureusement, le texte de L’histoire générale des voyages ne fournit aucune précision sur les illustrations de Barbot. Le mystère de ces poissons à tête de félin reste donc entier.